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Bactéries et germes dans l’eau potable : Ce qu’il faut savoir
Dans de nombreuses régions d’Europe, les distributeurs fournissent une eau potable de haute qualité et la contrôlent régulièrement. Les risques apparaissent le plus souvent à l’intérieur du bâtiment : dans des conduites contaminées ou en cas de stagnation, des bactéries ou d’autres germes peuvent se multiplier. Pour les exploitants d’installations d’eau potable, cela signifie que dans la plupart des cas, ce n’est pas l’approvisionnement qui pose problème, mais bien l’installation à l’intérieur du bâtiment.
Dans cet article, nous présentons les bactéries les plus importantes que l’on retrouve dans l’eau potable et nous soulignons quels autres germes peuvent également jouer un rôle.
Bactéries dans l’eau potable : l’eau n’a pas besoin d’être totalement exempte de germes
Selon le Décret n° 2022-1720 du 29 décembre 2022 relatif à la qualité de l’eau destinée à la consommation humaine, l’eau potable ne doit pas contenir de micro-organismes ou d’autres substances à des concentrations susceptibles de mettre en danger la santé humaine.
Cela signifie que l’eau du robinet n’a pas besoin d’être totalement exempte de bactéries, mais il existe des valeurs limites claires qui définissent à partir de quand une action est nécessaire. Si ces valeurs sont dépassées, les exploitants doivent mettre en œuvre des mesures appropriées pour garantir l’hygiène de l’eau potable, conformément au cadre du contrôle sanitaire exercé par les ARS et aux prescriptions prévues en cas de dépassement (Paragraphe 4 : Mesures correctives, restrictions d’utilisation…).
Bon à savoir : valeurs limites, paramètres indicateurs et seuil d’action
- Valeurs limites (Arrêté du 30 décembre 2022 fixant les limites de qualité): elles s’appliquent à certaines bactéries spécifiques comme Escherichia coli. Par exemple, E. coli ne doit pas être détectée dans 100 ml d’eau potable. Une seule détection impose une action immédiate.
- Paramètres indicateurs (même Arrêté): ils servent à évaluer l’état général du système de distribution (par ex. bactéries coliformes, numérations de colonies). Un dépassement ne représente pas un risque sanitaire immédiat mais signale des dysfonctionnements que l’exploitant doit analyser.
- Seuil d’action pour Legionella : l’Arrêté du 30 décembre 2022 relatif à l’évaluation des risques impose la réalisation d’analyses de risque dans les installations intérieures, mais ne fixe pas de limite réglementaire spécifique pour Legionella. Toutefois, le Décret du 1er février 2010 prévoit un seuil réglementaire de 1 000 UFC/litre pour les établissements recevant du public (hôtels, résidences de vacances, prisons, maisons de retraite, etc.).En pratique, les Agences Régionales de Santé (ARS) appliquent souvent un seuil d’action à partir de 100 UFC/litre, notamment dans les environnements sensibles. En cas de dépassement, une analyse approfondie ainsi que des mesures correctives adaptées doivent être mises en œuvre. .
Le biofilm favorise-t-il les germes dans l’eau potable ?
Oui, la formation d’un biofilm favorise la croissance de germes et de bactéries, car elle offre des conditions idéales pour la multiplication des agents pathogènes. Comme les biofilms sont difficiles à éliminer, la prévention est particulièrement importante (par exemple grâce à une utilisation correcte du système, une installation hygiénique et le maintien de températures adéquates).
Bactéries et germes dans l’eau potable : aperçu
Un grand nombre de bactéries et de virus peuvent survivre dans l’eau, au moins pendant une certaine période, et la consommation d’eau contaminée peut entraîner des problèmes de santé. Certains agents pathogènes peuvent aussi pénétrer dans l’organisme par les aérosols, la peau, les plaies ou les orifices naturels.
Legionella dans l’eau potable
Les Legionella comptent parmi les bactéries les plus connues de l’eau potable. En particulier, l’espèce Legionella pneumophila peut provoquer des maladies graves comme la légionellose lorsqu’on inhale des aérosols contaminés. Leur croissance est surtout favorisée par des températures comprises entre 25 °C et 45 °C – c’est pourquoi la stagnation dans les conduites d’eau chaude constitue un risque particulier.
Pour plus de détails, consultez notre article : Légionelles dans l'eau du robinet : comment réduire le risque
Pseudomonas dans l’eau potable
Pseudomonas aeruginosa est une bactérie typiquement hydrique qui a besoin d’humidité pour se développer. Elle est présente dans l’environnement mais peut aussi être retrouvée dans les conduites d’eau potable et les biofilms. Dans ces milieux, elle profite de la stagnation et peut se multiplier rapidement.
Pour les exploitants d’installations d’eau potable, cette bactérie est particulièrement critique car elle peut provoquer des infections pulmonaires, urinaires ou de plaies – et elle est souvent résistante aux antibiotiques courants.
Pour plus de détails, consultez notre article : Pseudomonas dans l'eau du robinet
Bactéries coliformes dans l’eau potable
Les bactéries coliformes telles que Escherichia coli sont des organismes indicateurs typiques. Elles ne peuvent survivre que quelques jours dans l’eau potable – c’est pourquoi leur détection indique presque toujours une contamination fécale récente.
Même de petites quantités d’eau contaminée par certaines bactéries coliformes peuvent provoquer des maladies diarrhéiques.
Pour les exploitants d’installations d’eau potable, la règle est claire : selon le Décret n° 2022-1720 et l’Arrêté du 30 décembre 2022 fixant les limites de qualité, les bactéries coliformes ne doivent pas être présentes dans 100 ml d’eau potable. Toute détection impose une action immédiate !
Pour plus de détails, consultez notre article : Bactéries coliformes : tout savoir sur E. coli, Enterobacter et autres
Stenotrophomonas maltophilia
Stenotrophomonas maltophilia est une bactérie environnementale que l’on retrouve dans le sol, sur les plantes et aussi dans l’eau.
Dans les installations d’eau potable, elle peut coloniser les biofilms et s’y multiplier.
Chez les personnes en bonne santé, elle est généralement inoffensive, mais chez les individus immunodéprimés elle peut représenter un risque, car elle peut provoquer des infections des voies respiratoires, du sang ou des plaies.
Pour plus de détails, consultez notre article : Stenotrophomonas maltophilia dans l’eau potable
Klebsiella dans l’eau potable
Les Klebsiella appartiennent à la famille des Enterobacteriaceae et sont naturellement présentes dans l’intestin des humains et des animaux.
Une fois introduites dans une installation d’eau potable, elles peuvent s’installer dans les biofilms et y persister.
Chez les personnes en bonne santé, elles ne posent généralement pas de problème. Chez les individus immunodéprimés, en revanche, elles peuvent provoquer des infections comme des pneumonies, des infections urinaires ou des septicémies.
Pour plus de détails, consultez notre article : Klebsiella dans l’eau potable : espèces pertinentes, risques et mesures de protection
Entérocoques dans l’eau potable
Les entérocoques sont des bactéries lactiques qui se trouvent dans l’intestin des humains et des animaux, où elles participent à la digestion. En raison de leurs propriétés fermentaires, elles sont même utilisées volontairement dans certains aliments comme les fromages ou les saucisses crues.
Les entérocoques peuvent provoquer des maladies comme des infections urinaires, des endocardites, des infections de plaies ou des abcès – surtout chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli ou lorsqu’ils pénètrent dans l’organisme par des voies telles que des cathéters, des plaies ou des muqueuses, par exemple via de l’eau potable contaminée.
Contrairement aux bactéries coliformes, les entérocoques – qui appartiennent au groupe des streptocoques fécaux – peuvent survivre plusieurs semaines en dehors de l’intestin. Par conséquent, lorsqu’une contamination est détectée, il est difficile de déterminer le moment exact de l’incident.
À ce jour, environ 25 espèces d’entérocoques sont connues. Les causes les plus fréquentes d’infections sont Enterococcus faecalis et Enterococcus faecium.
Autres germes et bactéries dans l’eau potable
Il existe aussi d’autres germes pathogènes capables de survivre dans l’eau : cela inclut Salmonella, Enterobacter et Vibrio cholerae.
Des virus tels que les norovirus et les rotavirus peuvent également provoquer des gastro-entérites. De plus, il existe un risque d’infection par les virus de l’hépatite A et E via l’eau potable.
Germes dans l’eau potable : que faire ? Nos recommandations
L’essentiel est de veiller à ce qu’aucun germe, bactérie ou virus ne pénètre dans l’eau potable.
La prévention par des mesures adaptées est tout aussi importante pour éviter la croissance au sein de l’installation.
- Faire couler l’eau régulièrement : les bactéries se multiplient particulièrement facilement dans l’eau stagnante.
- Nettoyer ou remplacer régulièrement les mousseurs (sorties de robinet) – ce sont des points de collecte typiques pour les germes.
- Faire analyser l’eau potable : cela permet de détecter une contamination à un stade précoce.
- Utiliser des filtres stériles : installés directement sur les robinets ou les douches, ils offrent une protection immédiate contre les germes d’origine hydrique.
Surveiller les principaux risques et mettre en œuvre des mesures préventives ciblées est crucial pour garantir durablement la qualité de l’eau potable. Pour les exploitants d’installations d’eau potable, cela signifie : un suivi régulier, une hygiène rigoureuse et l’utilisation de mesures de protection adaptées.