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Agents Pathogènes Multirésistants (MRE) : De l'Émergence à la Prévention
Les agents pathogènes multirésistants (MRE) sont des bactéries devenues résistantes à plusieurs antibiotiques, rendant les infections qu'elles provoquent difficiles à traiter.
Ils constituent un défi majeur, en particulier dans les hôpitaux et les établissements de soins, où ils se propagent facilement et où les traitements conventionnels sont souvent inefficaces.
Les mesures préventives, telles que des règles d’hygiène strictes et une utilisation raisonnée des antibiotiques, sont essentielles pour limiter leur propagation.
Comment se développent les bactéries multirésistantes ?
Les agents pathogènes multirésistants émergent lorsque les bactéries subissent des modifications génétiques qui les rendent résistantes aux antibiotiques.
Ces résistances peuvent apparaître à la suite de mutations dans leur génome ou par l’échange de gènes de résistance entre différentes espèces bactériennes, notamment via des plasmides.
Mauvaise utilisation des antibiotiques
L’un des facteurs les plus problématiques est la mauvaise utilisation des antibiotiques, notamment lorsqu’ils sont administrés trop fréquemment, en doses insuffisantes ou lorsque le traitement prescrit n’est pas suivi jusqu’au bout.
Antibiotiques dans l'élevage intensif
L’usage massif des antibiotiques dans l’élevage intensif contribue également à la propagation des bactéries résistantes, qui peuvent entrer dans l’organisme humain via la chaîne alimentaire ou l’environnement.
Les bactéries multirésistantes entraînent une augmentation des infections nosocomiales
Dans les hôpitaux et les établissements de soins, où de nombreux patients immunodéprimés sont pris en charge, ces agents pathogènes trouvent des conditions idéales pour se propager, entraînant des infections difficiles à traiter.
On estime qu’en France, environ 158 000 infections nosocomiales, c’est-à-dire associées à une procédure médicale, surviennent chaque année. Ces infections seraient responsables d’environ 5 500 décès par an.
Selon les données actuelles de l’agence sanitaire française Santé publique France, environ 63,5 % de ces infections sont dues à des agents pathogènes multirésistants, notamment le Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM), ainsi qu’Escherichia coli et Klebsiella pneumoniae résistants aux céphalosporines de troisième génération. La tendance des agents pathogènes producteurs de BLSE est à la hausse.
L’apparition des agents pathogènes multirésistants
Depuis plusieurs années, l’apparition des résistances aux antibiotiques est suivie systématiquement. Cela permet d’identifier les agents pathogènes multirésistants les plus courants et de déterminer quels antibiotiques ne sont plus efficaces contre eux.
Les bactéries MRSA sont les agents pathogènes multirésistants les plus courants
L’une des bactéries multirésistantes les plus fréquemment rencontrées est le Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (MRSA).
Elle colonise souvent la peau ou les muqueuses. De nombreux souches ne sont plus seulement résistantes aux antibiotiques de la classe des bêta-lactamines, mais aussi à d’autres familles d’antibiotiques. Cela signifie que des infections comme la septicémie (infection du sang) sont deux fois plus susceptibles d’être mortelles que celles causées par des souches sensibles de Staphylococcus aureus.
D'autres agents pathogènes multirésistants sont moins souvent mentionnés, mais restent préoccupants. En plus du MRSA, des bactéries telles que Klebsiella, Pseudomonas aeruginosa, ainsi que les entérocoques (Enterococcus faecium et Enterococcus faecalis résistants à la vancomycine – VRE) ou certaines espèces de Clostridium peuvent provoquer des infections graves et potentiellement mortelles.
3MRGN et 4MRGN
Une bactérie 3MRGN (multirésistante à Gram négatif) est résistante à trois des quatre principales classes d’antibiotiques (acyluréidopénicillines, céphalosporines de 3ᵉ et 4ᵉ génération, fluoroquinolones et carbapénèmes), tandis qu’une bactérie 4MRGN est résistante aux quatre classes d’antibiotiques.
Pseudomonas aeruginosa peut être classé comme 3MRGN ou 4MRGN et est particulièrement redouté car il provoque des infections graves dans les hôpitaux et est souvent difficile à traiter en raison de sa grande capacité d’adaptation et de ses mécanismes naturels de résistance.
Lutter contre les bactéries multirésistantes
Ces dernières années, des progrès ont été réalisés pour améliorer l’hygiène dans les hôpitaux et les établissements de soins. La Haute Autorité de Santé (HAS) élabore des recommandations pour la prévention des infections nosocomiales et pour la mise en œuvre de mesures organisationnelles et structurelles afin de garantir le respect des normes d’hygiène.
En outre, la stratégie nationale 2022–2025 pour la prévention des infections et de la résistance aux antibiotiques vise à promouvoir une utilisation plus ciblée et raisonnée des antibiotiques – uniquement lorsqu’ils sont réellement nécessaires – et à garantir leur bonne application.